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La médiation selon Six

Jean-François Six (1929) - Prêtre catholique et théologien français

Le médiateur "catalyseur"

La médiation selon J-F. Six

La médiation est une action accomplie par une personne, avec un sujet qui y consent librement, y participe et auquel appartient la décision finale. Elle s’opère à partir d’une ressource du domaine de compétences du médiateur, le patrimoine, et à pour finalité, à travers l’alphabétisation et la conscientisation du sujet, le développement de la personne, celui-ci étant lui-même l’acteur de son apprentissage. Principalement centrée sur la qualité de la relation, elle est destinée soit à faire naître ou renaître chez lui des relations nouvelles avec l’objet de médiation (médiation créatrice et médiation rénovatrice), soit à prévenir chez lui des relations perturbées (médiation préventive). La médiation est multiréférentielle et interdisciplinaire.

La médiation n’est pas un métier mais une manière d’être et une pratique de relation avec les autres. C’est ce qui fait déjà la spécificité des professions du travail social et de l’animation socioculturelle.

 

En nous inspirant de la pensée de Jean-François Six, la médiation dans le domaine de la pédagogie pourrait être :

La présence d’une tierce personne

Quelqu’un qui va faire transformer une relation duelle, entre deux êtres ou entre un être et un objet (un savoir, un objet archéologique, l’alimentation, la pollution, etc.) pour créer une alternative, le troisième pôle d’une relation. Il devient donc une sorte de « milieu », un entre-deux. Ce n’est pas le médiateur qui est au centre mais la mise en relation elle-même, une dynamique de lien qui n’est la propriété de personne, encore moins de spécialistes.

Un non pouvoir

La médiation n’existe que parce que les deux parties prenantes sont d’accord pour qu’elle se réalise. Il ne peut pas y avoir de médiation dans l’obligation : les deux parties doivent y consentir et s’y engager librement avec la possibilité de s’en retirer à tout moment, comme le sujet de la médiation doit avoir la possibilité d’accepter ou de refuser les propositions du médiateur. Ce qui sous entend que le médiateur ne dispose d’aucun pouvoir : en devenant un troisième pôle intermédiaire, le médiateur se trouve dans l’obligation de maintenir un juste équilibre, qui doit garantir l’harmonie, la qualité de la relation. S’il est vrai que le médiateur possède le pouvoir de savoir et du savoir, ce pouvoir demeure anti-productif et nocif s’il est utilisé dans le but de se valoriser ou de valoriser l’organisme pour lequel il travaille et surtout d’ériger le savoir en objet de vénération : faire cela, c’est être un anti-médiateur. Le vrai pouvoir, lui, réside uniquement dans la capacité à organiser, à gérer, à susciter, à activer pour faire émerger en mettant son savoir-agir[1] au service du sujet de la médiation et en veillant à ce qu’il reste l’acteur de son apprentissage.

Une catalyse

La médiation fonctionne comme une catalyse : elle permet l’accélération d’une transformation sans subir elle-même d’altération. A l’issue de la transformation, le médiateur se retire et s’efface car l’acte de médiation n’est pas centré sur lui mais sur le sujet. Il n’est que celui par qui la transformation a été possible et doit savoir faire « le deuil de relations qui se continueront sans lui »[2]. Dans la médiation, ce sont donc les relations, les interactions entre les deux parties prenantes « humaines » de la médiation (médiateur et apprenant) qui priment même si, pour s’exprimer, une matière, un contenu est nécessaire : le patrimoine devient alors une ressource nécessaire à l’acte de médiation, mais cette ressource n’est pas la médiation.

Une communication

La médiation sous entend de la part du médiateur la mise en place d’une véritable stratégie de communication destinée à relier les personnes et la ressource (le patrimoine). Cela sous entend une attitude active destinée à établir ou à rétablir la communication. La communication implique l’échange et l’interaction et par voie de conséquence une transformation de ceux qui communiquent puisqu’ils sont mis en situation de s’ouvrir l’un à l’autre. En ce sens, la communication devient vecteur de tolérance. Il n’est rien de plus vrai dans le domaine du patrimoine. Découvrir une autre culture à travers un monument, prendre conscience des influences données et reçues est une communication humaniste puisqu’elle permet une ouverture sur le monde en tant que citoyen du monde. Si dans un premier temps, la communication passe par le médiateur, elle doit ensuite s’établir durablement sans lui.

[1] Un savoir-agir regroupe des savoir, des savoir-faire et des savoir-être.

[2] Annie Cardinet, « Pratiquer la médiation en pédagogie », Dunod, 1995.

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